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ne souffroit point de trêve à ta douleur fidèle ;
mais à peine on te dit : " Viens, le maître t’appelle, "
que ce mot de tes pleurs fait tarir le ruisseau.
Tu te lèves, tu pars, et ta douleur suivie
des doux empressements d’un amoureux transport,
laissant régner la joie en ton âme ravie,
pour chercher l’auteur de la vie,
ne voit plus ce qu’a fait la mort.

Qu’heureux est ce moment où ce Dieu de nos cœurs
d’un profond déplaisir les élève à la joie !
Qu’heureux est ce moment où sa bonté déploie
sur un gros d’amertume un peu de ses douceurs !
Sans lui ton âme aride à mille maux t’expose,
tu n’es que dureté, qu’impuissance, qu’ennui ;
et vraiment fol est l’homme alors qu’il se propose
le vain desir de quelque chose
qu’il faille chercher hors de lui.

Sais-tu ce que tu perds en son éloignement ?
Tu perds une présence en vrais biens si féconde,
qu’après avoir perdu tous les sceptres du monde,
tu perdrois encor plus à la perdre un moment.