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Tu sais bien t’excuser, et n’admets point d’excuses
pour les foiblesses du prochain :
il n’est point de couleurs pour toi que tu refuses,
ni de raisons pour lui qui ne parlent en vain.

Sois-lui plus indulgent, et pour toi plus sévère ;
censure ton mauvais emploi,
excuse ceux d’un autre, et souffre de ton frère,
si tu veux que ton frère aime à souffrir de toi.

Vois-tu combien ton âme est encore éloignée
de l’humble et vive charité,
qui jamais ne s’aigrit, jamais n’est indignée,
jamais ne veut de mal qu’à sa fragilité ?

Ce n’est pas grand effort de hanter sans querelle
des esprits doux, des gens de bien :
à se plaire avec eux la pente est naturelle,
et chacun sans miracle aime leur entretien.

Chacun aime la paix, la cherche, la conserve,
l’embrasse avec contentement,
et se donne sans peine avec peu de réserve
à ceux qu’il voit partout suivre son sentiment.