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change, pauvre pécheur, change dès aujourd’hui :
souffre avec lui, souffre pour lui,
si tu veux avec lui régner par sa victoire.

Si tu peux dans son sein une fois pénétrer
jusqu’où savent entrer
les ardeurs d’une amour extrême,
si tu peux faire en terre un essai des plaisirs
où ce parfait amour abîme un cœur qui l’aime,
tu verras bientôt pour toi-même
ta sainte indifférence avoir peu de desirs.

Il t’importera peu que le monde s’en joue,
et t’offre de la roue
ou le dessus ou le dessous :
plus cet amour est fort, plus l’homme se méprise ;
les opprobres n’ont rien qui ne lui semble doux,
et plus rudes en sont les coups,
plus il voit que de Dieu la main le favorise.

L’amoureux de Jésus et de la vérité
avec sévérité
au dedans de soi se ramène ;
et depuis que son cœur pleinement s’affranchit
de toute affection désordonnée et vaine,
de toute ambition humaine,
dans ce retour vers Dieu sans obstacle il blanchit.