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dont l’esprit infidèle
dès demain voudra t’opprimer ;
et tel autre aujourd’hui contre toi s’intéresse,
que pour toi dès demain tu verras s’animer :
tant pour haïr et pour aimer
au gré du moindre vent tourne notre foiblesse !

Ne t’assure qu’en Dieu, mets-y tout ton amour
jusqu’à ton dernier jour,
tout ton espoir, toute ta crainte :
il conduira ta langue, il réglera tes yeux,
et de quelque malheur que tu sentes l’atteinte,
jamais il n’entendra ta plainte
qu’il ne fasse pour toi ce qu’il verra de mieux.

L’homme n’a point ici de cité permanente :
où qu’il soit, quoi qu’il tente,
il n’est qu’un malheureux passant ;
et si dans les travaux de son pèlerinage,
l’effort intérieur d’un cœur reconnoissant
ne l’unit au bras tout-puissant,
il s’y promet en vain le calme après l’orage.