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faut-il d’autres repas que les repas de l’âme ?
Pourquoi les goûtons-nous, ô Dieu, si rarement ?

Quand l’homme se possède, et que les créatures
n’ont aucunes douceurs qui puissent l’arrêter,
c’est alors que sans peine il commence à goûter
combien le créateur est doux aux âmes pures.
Alors, quoi qu’il arrive ou de bien ou de mal,
il vit toujours content, et d’un visage égal
il reçoit la mauvaise et la bonne fortune :
l’abondance sur lui tombe sans l’émouvoir,
la pauvreté pour lui n’est jamais importune,
la gloire et le mépris n’ont qu’un même pouvoir.

C’est lors entièrement en Dieu qu’il se repose,
en Dieu, sa confiance et son unique appui,
en Dieu, qu’il voit partout, en soi-même, en autrui,
en Dieu, qui pour son âme est tout en toute chose.
Où qu’il soit, quoi qu’il fasse, il redoute, il chérit
cet être universel à qui rien ne périt,
et dans qui tout conserve une immortelle vie,
qui ne connoît jamais diversité de temps,
et dont la voix sitôt de l’effet est suivie
que dire et faire en lui ne sont point deux instants.

Toi qui, bien que mortel, inconstant, misérable,