Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui par ses actions chaque jour les dédit,
se jette en grand péril d’une prompte ruine.
Qui cherche à vivre au large est toujours à l’étroit :
dans ce honteux dessein son esprit maladroit
se gêne d’autant plus qu’il se croit satisfaire ;
et quoi que de sa règle il ose relâcher,
le reste n’a jamais si bien de quoi lui plaire
que ses nouveaux dégoûts n’en veuillent retrancher.

Si ton cœur pour le cloître a de la répugnance
jusqu’à grossir l’orgueil de tes sens révoltés,
regarde ce que font tant d’autres mieux domptés,
jusqu’où va leur étroite et fidèle observance :
ils vivent retirés et sortent rarement,
grossièrement vêtus et nourris pauvrement,
travaillent sans relâche ainsi que sans murmure,
parlent peu, dorment peu, se lèvent du matin,
prolongent l’oraison, prolongent la lecture,
et sous ces dures lois font une douce fin.

Vois ces grands escadrons d’âmes laborieuses,
vois l’ordre des Chartreux, vois celui de Cîteaux,
vois tout autour de toi mille sacrés troupeaux
et de religieux et de religieuses ;