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Agis donc fortement, et fais-toi violence
pour te soustraire au mal où tu te vois pencher ;
examine quel bien tu dois le plus chercher,
et portes-y soudain toute ta vigilance ;
mais ne crois pas en toi le voir jamais assez :
tes sens à te flatter toujours intéressés
t’en pourroient souvent faire une fausse peinture
porte les yeux plus loin, et regarde en autrui
tout ce qui t’y déplaît, tout ce qu’on y censure,
et déracine en toi ce qui te choque en lui.

Dans ce miroir fidèle exactement contemple
ce que sont en effet et ce mal et ce bien ;
et les considérant d’un œil vraiment chrétien,
fais ton profit du bon et du mauvais exemple :
que l’un allume en toi l’ardeur de l’imiter,
que l’autre excite en toi les soins de l’éviter,
ou, si tu l’as suivi, d’en effacer la tache ;
sers toi-même d’exemple, et t’en fais une loi,
puisque ainsi que ton œil sur les autres s’attache,
les autres à leur tour attachent l’œil sur toi.