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que ce que nous aimons n’est rien,
et qu’il ne peut toucher que les esprits des hommes
qui ne se connoissent pas bien.

Les saints, les vrais dévots, savoient mieux de leur être
remplir toute la dignité,
et pour ces vains attraits ils ne faisoient paroître
qu’entière insensibilité.

Ils dédaignoient de perdre un moment aux idées
des biens passagers et charnels,
et leurs intentions, d’un saint espoir guidées,
voloient sans cesse aux éternels.

Tout leur cœur s’y portoit, et s’élevant sans cesse
vers leurs invisibles appas,
il empêchoit la chair de s’en rendre maîtresse
et de le ravaler trop bas.

Mon frère, à leur exemple, anime ton courage,
et prends confiance après eux :
quoi qu’il faille de temps pour un si grand ouvrage,
tu n’en as que trop, si tu veux.