Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée

des plaisirs de la vie
a bientôt dissipés en de vains entretiens.

Chose étrange que l’homme accessible à la joie,
au milieu des malheurs dont il est enfermé,
quelque exilé qu’il soit, quelques périls qu’il voie,
par de fausses douceurs aime à se voir charmé !
Ah ! s’il peut consentir qu’une telle allégresse
tienne ses sens épanouis,
il n’en voit pas la suite, et sa propre foiblesse,
qu’il reçoit pour maîtresse,
dérobe sa misère à ses yeux éblouis.

Oui, sa légèreté que tout desir enflamme,
et le peu de souci qu’il prend de ses défauts,
l’ayant rendu stupide aux intérêts de l’âme,
ne lui permettent pas d’en ressentir les maux :
ainsi, pour grands qu’ils soient, jamais il n’en soupire,
faute de les considérer ;
plus il en est blessé, plus lui-même il s’admire,
et souvent ose rire
lorsque de tous côtés il a de quoi pleurer.

Homme, apprends qu’il n’est point ni de liberté vraie,
ni de plaisir parfait qu’en la crainte de Dieu,