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même recueil fit paraître une réfutation en forme des allégations de Charpentier[1], « L’Occasion perdue recouverte, dit l’auteur de cet article anonyme, ne fut jamais du grand Corneille : elle est d’un M. de Cantenac, poëte de cour, dont les œuvres, qui font un petit in-i2, furent imprimées en 1661, et encore en i665, chez Théodore Girard, marchand libraire à la grand’salle du Palais ; elles sont divisées en trois parties : la première contient les Poésies nouvelles et galantes ; la seconde, les Poésies morales et chrétiennes ; la troisième, les Lettres choisies, galantes, du sieur de Cantenac. Cela faisoit un recueil assez bizarre. C’est au bout des Poésies nouvelles et galantes que se trouvoit cette scandaleuse pièce. Dès qu’elle parut, M. le premier président de Lamoignon, bien averti, envoya quérir Théodore Girard, et lui ordonna d’ôter cette pièce de tous les exemplaires qui lui restoient, et par bonheur il lui en restoit la plus grande partie. Il fut obéi. Théodore Girard aima mieux mécontenter l’auteur et les acheteurs que de s’exposer au juste ressentiment d’un premier président. Il échappa pourtant quelques exemplaires de cette pièce, qui ne parurent qu’après la mort de ce grand magistrat, et c’est un de ces exemplaires, relié au bout de la seconde édition, que Théodore Girard me vendit comme une chose rare et précieuse. Dans cette seconde édition, la pièce fut entièrement supprimée, sans qu’il restât même aucun vestige de la suppression ou du retranchement. Au bas de la dernière page de l’Occasion recouverte et perdue, on voit imprimé : Fin des Poésies nouvelles et galantes du sieur de Cantenac. Il est vrai que le nom n’est pas tout au long, et qu’il n’y a que : Fin des Poës. nouv. et gal. du Sr de C. ; mais Théodore Girard, qui étoit de mes amis et nullement menteur, m’a plusieurs fois assuré que ce C. signifioit le sieur de Cantenac, et il n’est pas possible d’en douter. Il connoissoit bien l’auteur. Il dit, dans un Avertissement au lecteur, que l’auteur est son ami. L’auteur lui avoit cédé son privilège, et ainsi il est clair qu’il le connoissoit, et il n’avoit nul sujet de nommer le sieur de Cantenac pour un autre. Mais si, outre ce témoignage donné de vive

  1. Pages 2272-2976.