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Le monde et ses plaisirs s’écoulent et nous gênent,
et quand à divaguer nos desirs nous entraînent,
ce temps qu’on aime à perdre est aussitôt passé ;
et pour fruit de cette sortie
on n’a qu’une âme appesantie,
et des desirs flottants dans un cœur dispersé.

Ainsi celle qu’on fait avec le plus de joie
souvent avec douleur au cloître nous renvoie :
les délices du soir font un triste matin ;
ainsi la douceur sensuelle
nous cache sa pointe mortelle,
qui nous flatte à l’entrée et nous tue à la fin.

Ne vois-tu pas ici le feu, l’air, l’eau, la terre,
leur éternelle amour, leur éternelle guerre ?
N’y vois-tu pas le ciel à tes yeux exposé ?
Qu’est-ce qu’ailleurs tu te proposes ?
N’est-ce pas bien voir toutes choses
que voir les éléments dont tout est composé ?

Que peux-tu voir ailleurs qui soit longtemps durable ?
Crois-tu rassasier ton cœur insatiable