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Charpentier. Suivant notre habitude, nous allons mettre les pièees du procès sous les yeux du lecteur ; mais nous ne saurions douter de sa décision.

« Corneille, dit la Monnoye dans une note de son édition des Jugements des savants, de Baillet[1] ne se porta pas de lui-même à entreprendre la paraphrase en vers françois des trois livres de l’Iinitation. Voici l’occasion qui l’y engagea, telle que je l’ai lue dans un manuscrit qui a pour titre Carpenteriana, dont on m’a dit que les articles avoient été dressés par feu M. Charpentier, mort doyen de l’Académie françoise. »

Ensuite vient l’analyse du récit de Charpentier, à laquelle nous préférons substituer le texte même du Carpenteriana ou Carpentariana, publié par Boscheron deux ans plus tard[2] : « M. Corneille l’aîné est auteur de la pièce intitulée : l’Occasion perdue et recouvrée. Cette pièce étant parvenue jusqu’à M. le chancelier Seguier, il envoya chercher M. Corneille, et lui dit que cette pièc3 ayant porté scandale dans le public et lui ayant acquis la réputation d’un homme débauché, il falloit qu’il lui fît connoître que cela n’étoit pas, en venant à confesse avec lui ; il l’avertit du jour. M. Corneille ne pouvant refuser cette satisfaction au chancelier, il fut à confesse, avec lui, au P. Paulin, petit père de Nazareth, en faveur duquel M. Seguier s’est rendu fondateur du couvent de Nazareth. M. Corneille s’étant confessé au révérend père d’avoir fait des vers lubriques, il lui ordonna, par forme de pénitence, de traduire le premier livre de V Imitation de J.-C, ce qu’il fit. Ce premier livre fut trouvé si beau, que M. Corneille m’a dit qu’il avoit été réimprimé jusqu’à trente-deux fois. La Reine, après l’avoir lu, pria M. Corneille de lui traduire le second ; et nous devons à une grosse maladie dont il fut attaqué, la traduction du troisième livre, qu’il fit après s’en être heureusement tiré. »

Remarquons, pour ne rien omettre, que la Monnoye, dans l’analyse qu’il fait de ce morceau, dit en citant le manuscrit de Charpentier : « Il y est rapporté que Corneille ayant, dans sa

  1. Edition de 1729., in-4o, tome V, p. 359, note 1.
  2. 1724, in-8o, p. 284-286.