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Qui donc fait naître en nous cette ardeur insensée,
ce desir de parler en tous lieux épandu,
s’il est si malaisé que sans être blessée
l’âme rentre en soi-même après ce temps perdu ?

N’est-ce point que chacun, de s’aider incapable,
espère l’un de l’autre un mutuel secours,
et que l’esprit, lassé du souci qui l’accable,
croit affoiblir son poids s’il l’exhale en discours ?

Du moins tous ces discours sur qui l’homme se jette,
son propre intérêt seul les forme et les conduit :
il parle avec ardeur de tout ce qu’il souhaite,
il parle avec douleur de tout ce qui lui nuit.

Mais souvent c’est en vain, et cette fausse joie
qu’il emprunte en passant de l’entretien d’autrui,
repousse d’autant plus celle que Dieu n’envoie
qu’aux esprits retirés qui n’en cherchent qu’en lui.