Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

Aime qui te commande, ou n’y prétends jamais :
s’il n’est aimable en soi, c’est Dieu qui te l’impose.
Cours deçà, cours delà, change d’ordre ou de lieux :
si pour bien obéir tu ne fermes les yeux,
tu ne trouveras point ce repos salutaire ;
et tous ceux que chatouille un pareil changement
n’y rencontrent enfin qu’un bien imaginaire
dont la trompeuse idée échappe en un moment.

Il est vrai que chacun volontiers se conseille,
qu’il aime que son sens règle ses actions,
et tourne avec plaisir ses inclinations
vers ceux dont la pensée à la sienne est pareille ;
mais si le Dieu de paix règne au fond de nos cœurs,
il faut les arracher à toutes ces douceurs,
de tous nos sentiments soupçonner la foiblesse,
les dédire souvent, et pour mieux le pouvoir,
nous souvenir qu’en terre il n’est point de sagesse
qui sans aucune erreur puisse tout concevoir.

Ne prends donc pas aux tiens si pleine confiance
que tu n’ouvres l’oreille encore à ceux d’autrui ;