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DORANTE.

Que je vous laisse ici, de nuit, sans compagnie ?

PHILISTE.

C’est faire à votre tour trop de cérémonie.
1395Peut-être qu’à Paris j’aurois besoin de vous ;
Mais je ne crains ici ni rivaux, ni filous.

DORANTE.

Ami, pour des rivaux, chaque jour en fait naître ;
Vous en pouvez avoir, et ne les pas connoître :
Ce n’est pas que je veuille entrer dans vos secrets ;
1400Mais nous nous tiendrons loin en confidents discrets.
J’ai du loisir assez.

PHILISTE.

J’ai du loisir assez.Si l’heure ne vous presse,
Vous saurez mon secret touchant cette maîtresse :
Elle demeure, ami, dans ce grand pavillon.

CLITON, bas.

Tout se prépare mal à cet échantillon.

DORANTE.

1405Est-ce où je pense voir un linge qui voltige ?

PHILISTE.

Justement.

DORANTE.

Justement.Elle est belle ?

PHILISTE.

Justement.Elle est belle ?Assez.

DORANTE.

Justement.Elle est belle ?Assez.Et vous oblige ?

PHILISTE.

Je ne saurois encore, s’il faut tout avouer,
Ni m’en plaindre beaucoup, ni beaucoup m’en louer ;
Son accueil n’est pour moi ni trop doux ni trop rude :
1410Il est et sans faveur et sans ingratitude,
Et je la vois toujours dedans un certain point
Qui ne me chasse pas et ne l’engage point.