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presque et, dans Armor même, le Vieux Roscoff et cette Pastorale de Conlie « dédiée à Maître Gambetta » et dont restera ineffaçablement marquée l’imbécile méfiance du tribun qui en 1870, par crainte d’un coup de force royaliste, immobilisa dans la boue une armée de 50.000 Bretons ; il a écrit Matelots, Aurora, le Novice en partance, le Douanier, Lettre du Mexique, la Fin surtout, cette réplique cinglante au Victor Hugo d’Oceana Nox, dont il n’est pas sûr, comme le disait Verlaine, qu’elle contient toute la mer, mais qui contient certainement toute l’âme orgueilleuse et nostalgique des marins — Corbière est le premier de nos poètes qui les ait compris, qui les ait fait penser et parler comme ils pensent et comme ils parlent, et c’est de lui que date leur entrée dans la poésie [1] :

  1. Comme c’est de son père, on l’oublie trop, que date leur entrée dans le roman maritime où triomphait alors Eugène Sue avec la Salamandre, la Vigie de Koatwen et autres « mateloteries » échevelées. Le Négrier (1832), la première et la meilleure des études maritimes d’Edouard Corbière, fut précisément écrit en réaction de cette littérature conventionnelle. Tristan Corbière, — la dédicace des Amours Jaunes en témoigne — goûtait fort l’œuvre paternelle, où il avait appris à connaître les marins et où l’on doit chercher les racines de son réalisme personnel.