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vent, il retourna s’enfermer dans son « trou de flibustiers ».

IV

Trou de flibusti-ers, vieux nid
À corsaire, — dans la tourmente
Dors ton bon somme de granit
Sur tes caves que le flot hante…

Ton pied marin dans les brisans,
Dors : tu peux fermer ton œil borgne,
Ouvert sur le large et qui lorgne
Les Anglais depuis trois cents ans.

Dors, vieille coque bien ancrée :
Les margats et les cormorans,
Tes grands poètes d’ouragans,
Viendront chanter à la marée…

Quelle fougue et quel coloris ! Et quelle largeur d’expression ! Mais c’est la nouveauté du sentiment qu’il faut surtout remarquer ici : le railleur n’a pas désarmé chez Corbière ; il aura plus d’un retour offensif dans Armor comme dans Gens de mer ; mais la « vertu » bretonne a pourtant commencé d’opérer, et le ton de son ironie n’est plus le même ; en un mot, rien ne ressemble moins aux médiocres facéties de Raccrocs et de Sérénade des