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sentiment profond qui nous unit à la mère de nos enfants ». Il imposa le mariage aux Anciens : « Rien n’est plus sûr que d’exiger que ce nœud respectable ait été contracté par les hommes qui doivent composer le corps que nous vous présentons comme l’emblème de la sagesse éclairée de la nation et il en résultera un double effet : plus de respect pour la morale parmi les citoyens et une garantie de plus pour la sagesse et l’intérêt de la chose de la part des membres du Conseil des Anciens ». Et dans sa péroraison il marque le célibataire d’une indélébile flétrissure : « C’est une grande et belle institution, sans doute, que l’adoption ; mais pouvez-vous mettre sur la même ligne que le père de famille celui qui, pour se décharger des embarras d’un ménage et n’ayant éprouvé aucun des sentiments qu’il fait naître, a passé sa vie à porter l’opprobre et l’infortune au sein des familles, à faire couler les larmes de l’innocence, et à convertir en haine et en mépris l’amour et l’estime qui rendaient deux époux heureux ? Lorsqu’après de longues années de débauche il viendra faire une adoption vraie ou simulée, vous croyez qu’il aura payé sa dette à la société, que son exemple influera beaucoup sur la morale publique… ? Non, jamais. C’est uniquement, je le répète, en concentrant dans le cœur de l’homme toutes les affections de la famille, que, suivant l’expression du citoyen de Genève, vous lui donnerez cette passion exclusive pour sa patrie, cet amour ardent qui rend un jeune homme capable de tout entreprendre pour l’amante chérie de son cœur ».

Lorsqu’on étudia le projet sur le Conseil des Cinq-Cents[1], un nouvel appel fut adressé aux ardents défen-

  1. Moniteur, loc. cit. pp. 290 sq.