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temps qu’ils méritaient des afflictions bien plus grandes encore que celles dont il savaient été accablés ; et il leur rappela qu’il était de leur devoir de désirer leur perte même, afin que celui qui créa les cieux et la terre pût être glorifié. Puis ils entendirent une conclusion plus rassurante qui leur apprenait que, bien que de telles pensées fussent d’obligation pour les véritables chrétiens, il y avait de grandes raisons de penser que tous ceux qui écoutaient des doctrines si pures seraient protégés par une faveur spéciale.

Un serviteur du temple aussi zélé que Meek Wolfe n’oublia pas l’application de son sujet. Il est vrai qu’aucun emblème visible de la croix ne fut montré pour exciter ses auditeurs ; on ne leur conseilla pas de lâcher des limiers sur la piste de leurs ennemis[1] ; mais la première fut suffisamment rappelée à l’esprit des auditeurs par de fréquentes allusions sur ses mérites, et il désigna les Indiens comme les instruments par lesquels le grand auteur du mal espérait empêcher « le désert de fleurir comme la rose, et de répandre les doux parfums de la sainteté. » Philippe et Conanchet furent nommés ouvertement ; le pasteur insinua d’une manière un peu obscure que l’âme du premier était une des habitations favorites de Moloch. Meek Wolfe laissa à ses auditeurs le soin de chercher parmi les malins esprits nommés dans la Bible celui qui faisait agir Conanchet. Les doutes qui pouvaient assaillir les consciences timorées sur la justice du combat furent repoussés d’une main hardie ; il n’y eut aucune tentative de justification néanmoins, car toutes les difficultés de cette nature furent résolues par les obligations impératives du devoir. Quelques allusions ingénieuses sur la manière dont les israélites agirent avec les premiers habitants de la Judée furent d’un grand effet dans cette partie du sermon ; car il était facile de persuader à des hommes aussi fortement exaltés par leurs sentiments religieux qu’ils n’avaient écouté que la justice. Fortifié par cet avantage, Meek Wolfe ne manifesta aucun désir d’éviter la question principale. Il affirma que si l’empire de la vraie foi ne pouvait être établi par d’autres moyens (circonstance qui, suivant toute opinion raisonnable, ne pouvait pas être accomplie), il décida qu’il était du devoir du jeune homme et du vieillard, du fort et du faible, de s’unir pour attaquer les anciens possesseurs du pays avec ce qu’il appelait « la colère d’une divinité offensée. » Il parla

  1. Allusion aux Espagnols, conquérants du Nouveau-Monde.