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tandis que les Pequots, ou, suivant l’orthographe et la prononciation plus en usage, les Pequos, étaient les maîtres d’une immense région qui se projette le long des limites occidentales des trois autres districts.

Il règne une grande obscurité relativement à la forme du gouvernement des Indiens qui habitaient les côtes de la mer.

Les Européens, habitués aux gouvernements despotiques, supposèrent naturellement que les chefs trouvés en possession du pouvoir étaient des monarques auxquels l’autorité avait été transmise en vertu des droits de leur naissance. Ils leur donnèrent en conséquence le nom de roi.

Jusqu’à quel point cette opinion sur le gouvernement des aborigènes est-elle fondée ? C’est encore une question, quoiqu’il soit bien permis de penser que cette opinion est moins erronée à l’égard des tribus des États de l’Atlantique que de celles qui ont été découvertes depuis peu à l’ouest, où, comme on le sait, les institutions existantes approchent plus des formes républicaines que des formes monarchiques. Cependant, il est sans doute souvent arrivé que le fils, profitant de l’avantage de sa position, succéda à l’autorité de son père, par le moyen de son influence, lorsque les lois établies de la tribu ne reconnaissaient point le droit héréditaire. Quel que soit le principe de la succession au pouvoir, il est certain que, dans bien des occasions, on vit le fils occuper la place auparavant remplie par son père ; et que, dans les conjonctures où un peuple si violent était si souvent placé, l’autorité qu’il exerçait était aussi précaire qu’elle était générale. Le titre d’Uncas devint, comme celui de César et de Pharaon, le synonyme de chef chez les Mohicans, tribu des Pequots, parmi lesquels plusieurs guerriers de ce nom gouvernèrent par ordre de succession. Le célèbre Metacom, ou le roi Philip, nom sous lequel il est mieux connu des blancs, était certainement le fils de Massassoit, sachem des Wampanoags, que les émigrants trouvèrent investis de l’autorité lorsqu’ils débarquèrent sur le roc de Plymouth. Miantonimoh, le hardi mais malheureux rival de cet Uncas qui gouvernait toute la nation des Pequots, fut remplacé par son fils Conanchet, non moins héroïque, non moins entreprenant que lui. À une époque plus reculée encore, nous trouvons des exemples de cette transmission du pouvoir qui donnent de fortes raisons de croire que l’ordre de succession suivait la ligne directe du sang.