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chacun d’eux jeta sur l’autre un regard de fierté et de courroux.

— Nul autre que moi ne montera cet animal ! s’écria Middleton en anglais.

— Mahtoree est un grand chef ! répliqua l’Indien, aucun d’eux ne comprenant ce que disait l’autre.

— Les Dahcotahs arriveront trop tard, dit le vieillard en teton ; voyez ! les Longs-Couteaux ont peur, et se disposent à fuir.

Mahtoree ne songea plus à son cheval, et sautant sur le premier qu’il trouva, il ordonna à un de ses guerriers de donner le sien au Trappeur. Les guerriers démontés se mirent en croupe derrière quelques-uns de leurs compagnons. Le docteur Battius monta sur son âne, et, malgré cette courte altercation, en moitié moins de temps qu’il ne nous en a fallu pour faire ce récit, toute la troupe était prête à partir.

Quand il vit que tous ses guerriers étaient prêts, Mathoree donna le signal d’avancer. Ceux qui étaient les mieux montés partirent en avant, ayant leur chef à leur tête, et firent des démonstrations menaçantes, comme s’ils avaient l’intention d’attaquer les étrangers. Ismaël, qui avait commencé à battre en retraite, fit halte sur-le-champ, et se montra disposé à soutenir le choc. Mais au lieu de s’approcher à portée des armes dangereuses des Occidentaux, les rusés sauvages tournèrent autour d’eux en leur laissant croire qu’ils allaient les attaquer de moment en moment. Enfin, après avoir fait autour d’eux un demi-circuit, les Tetons, sûrs d’arriver à leur but, poussèrent un grand cri, et traversèrent la Prairie en se dirigeant vers le rocher en ligne aussi droite et presque avec la même rapidité qu’une flèche qui vient d’être décochée.


CHAPITRE XXI.


Ne plaisantez pas avec les dieux, mais partez, partez vite ! Signor Baptista, vous montrerai-je la route ?
Shakspeare



Mahtoree avait à peine fait connaître à sa troupe son véritable dessein qu’une décharge générale faite par Ismaël et ses