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messager porteur d’une lettre pour Pennock au Récif. En débarquant, ce messager aurait encore six milles à faire à pied ; mais alors il trouverait un cheval, tenu toujours préparé à cet effet, et le reste de la distance serait franchi rapidement.

Il y avait une heure que l’Anna était à l’ancre avec les autres bâtiments quand les navires étrangers parurent dans la rade, et mirent en panne à un demi-mille environ de la batterie. Ils hissèrent alors des pavillons blancs, comme s’ils voulaient entrer en pourparler. Le gouverneur ne sut trop ce qu’il devait faire. Il ne se souciait pas de se mettre à la discrétion de pareils hommes, encore moins de leur envoyer un de ses amis ; et cependant la prudence ne permettait pas de repousser ces avances. Il se décida à monter sur une chaloupe, à s’avancer à quelque distance du rivage en arborant un pavillon blanc, et à attendre là, sous la protection de la batterie, la suite que les étrangers croiraient devoir donner à cette première manifestation.

À peine le gouverneur était-il arrivé à la station qu’il s’était assignée, qu’une embarcation se détacha de la frégate, en déployant toujours le même pavillon, et les deux chaloupes ne furent bientôt séparées que de la longueur d’un aviron.

À bord de la chaloupe ennemie, indépendamment des six nageurs, il y avait trois individus, dont l’un, ainsi qu’on le sut plus tard, était l’amiral lui-même ; le second, un interprète, qui parlait très-bien l’anglais, quoique avec un accent étranger ; et le troisième n’était autre que Waally ! Le gouverneur crut voir une expression de satisfaction farouche sur les traits du sauvage, quand ils furent en présence, quoique celui-ci ne dît pas un mot. L’interprète ouvrit la conférence.

— Y a-t-il à bord quelqu’un qui soit autorisé à parler pour les autorités du pays ? demanda-t-il.

— Oui, répondit le gouverneur, qui ne jugea pas à propos de faire connaître son rang, j’ai leurs pleins pouvoirs, et vous pouvez parler.

— À quelle nation, votre colonie appartient-elle ?

C’était une question embarrassante, que le gouverneur n’a-