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conduisît au Cratère ; ce chemin longeait le Parc aux Porcs, et traversait le pont de planches. Bob crut prudent de prendre immédiatement possession de ce passage. Il ordonna à Socrate de veiller sur la porte où il établit un poste ; quant à lui, il vint avec dix hommes prendre position tout près du pont. Les troupes de Waally pouvaient, il est vrai, se jeter à la nage ; et n’attendraient sans doute pas longtemps devant le bassin ; mais il y aurait grand avantage à les combattre ainsi dans l’eau. Toutes, les caronades furent chargées, puis, ces précautions prises, toutes les sentinelles à leur poste, Bob permit à ses hommes de sommeiller sans quitter leurs armes. La position était trop nouvelle pour qu’aucun fût tenté d’user de la permission, bien que le commandant lui-même donnât l’exemple, en faisant entendre ses ronflements sur tous les tons de la gamme.

Comme on s’y attendait, Waally commença l’attaque au point du jour. La chaloupe avait eu le temps de rejoindre le brick, et celui-ci faisait force de voiles vers le Cratère. La Sirène, suivant les instructions de Marc, était entrée dans les rades de l’ouest, et s’avançait à toutes voiles pour prendre la flotte de Waally par derrière. Telle était la situation, lorsque retentit le cri de guerre des Indiens.

Waally dirigea sa première attaque contre le pont, qu’il pensait emporter sans résistance. Sachant que le bâtiment était parti, il n’en craignait plus le feu ; mais il savait aussi que des canons étaient placés au Sommet, et il espérait s’emparer de ces pièces dans l’ardeur du premier engagement. Ces terribles instruments de destruction étaient pour les sauvages l’objet d’une profonde terreur, et Waally sentait toute l’importance d’une telle prise. Il fallait pour cela une grande rapidité dans les mouvements. Ayant pris des informations sur l’état du Récif, il pensait n’y trouver aucune résistance, supposant que, depuis qu’il avait capturé la Sirène, ses ennemis étaient réduits à une demi-douzaine. Ce calcul n’était pas dépourvu de raison, et, sans contredit, Socrate et les siens, seuls au Récif, et par conséquent dans toute l’île, seraient infailliblement tombés entre