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avait dit qu’une île élevée, montagneuse, pleine d’infractuosités, déserte, mais de quelque étendue, se trouvait, de tout le groupe, le plus à l’ouest, tandis que d’autres îles étaient à quelques milles de celle-là. Ces dernières étaient plus basses, beaucoup plus petites, et n’étaient guère que des rochers nus. Cependant Dagget soutenait qu’une de ces îles était un volcan, qui, par moments, jetait des flammes et beaucoup de chaleur mais toutefois, d’après son récit même, l’équipage auquel il appartenait n’avait jamais visité cette chaudière volcanique, se contentant d’admirer ses terreurs à distance.

Quant à l’existence de la terre, Roswell en acquit plusieurs preuves indubitables. Il y a une théorie qui nous dit que l’orbe du jour est entouré d’une vapeur lumineuse, source de chaleur et de lumière, et que cette vapeur, étant livrée à une mobilité perpétuelle, laisse quelquefois apercevoir le corps de la planète, formant ce qu’on appelle les taches du soleil. De même les brouillards des mers antarctiques s’élevaient sur les flancs de la montagne qu’on venait d’apercevoir, levant quelquefois le rideau ou laissant apercevoir cet imposant et majestueux objet. Cette masse de terre, solitaire, et presque entièrement stérile, méritait bien ces épithètes. Nous en avons déjà indiqué l’élévation : un rocher perpendiculaire se dressant à un millier de pieds au-dessus de l’Océan à toujours quelque chose d’imposant et de grandiose. La solitude où il se trouvait, son air d’immobilité, son apparence sauvage au milieu de montagnes de glace qui se mouvaient et flottaient à l’entour, ses flancs noirs et sa cime toute rase, ajoutaient à ce caractère. Un peu de neige récemment tombée sur la cime de la montagne l’avait blanchie, et c’était comme un dernier trait qui achevait le tableau.

Le cœur de Roswell Gardiner battit de joie lorsqu’il fut sûr d’avoir découvert cette terre, premier but de son expédition. Il n’avait plus maintenant qu’un désir, celui de débarquer. En ce moment le vent avait tourné au sud-est, et fraîchissait tout à fait, poussant le schooner au vent de la montagne, mais forçant les montagnes de glace à dériver du côté de la terre, et formant une barrière infranchissable devant son rivage occidental. Notre