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dont aucun homme de la race ne se sert aujourd’hui, excepté par voie de reproche, et qui même, par une singulière contradiction de l’orgueil, est dans ce cas plus souvent employé que d’autres.

Mon oncle s’arrêta un instant, avant de poursuivre une conversation qui ne paraissait pas commencer sous des auspices très-favorables. Lorsqu’il jugea que le nègre s’était un peu calmé, il reprit :

— Qui demeurer dans cette crande maison de pierre ?

— Tout le monde voir par votre question vous ne pas être un Yorkiste, répondit Yop ; qui peut demeurer là, excepté général Littlepage ?

— Eh pien ! che pensais lui être mort longtemps.

— Qu’importe cela ? C’est sa maison et il y demeure, et la vieille jeune madame y demeure aussi.

Il y avait eu parmi les Littlepage trois générations de généraux de père en fils. D’abord, le brigadier général Evans Littlepage, qui occupait ce rang dans la milice, et mourut au service pendant la révotution. Le second était le brigadier général Cornélius Littlepage, qui obtint son rang par brevet, à la fin de la même guerre, dans laquelle il avait figuré comme colonel d’un régiment de New-York. Le troisième et dernier était mon grand-père, le major-général Mordaunt Littlepage ; il était, pendant la lutte, capitaine dans le régiment de son père ; obtint, à l’issue de la campagne, le brevet de major, et fut élevé au rang de major-général dans la milice, poste qu’il occupa pendant plusieurs années. Revenons à Yop.

— Quel poufoir, dit mon oncle, être l’âge de la dame que fous appelez la vieille cheune madame ?

— Pooh ! jeune fille encore, née quelque temps après la vieille guerre avec France. Me la rappelle encore quand elle était miss Dus Malbone. Le jeune maître Mordaunt prendre goût pour elle et l’épouser.

— Eh pien ; ch’espère fous n’afoir aucune objection pour cette union ?

— Pas moi ; elle habile et bonne jeune fille alors, habile et bonne jeune femme aujourd’hui.

C’est ainsi qu’il s’exprimait sur ma vénérable grand’mère, qui comptait près de quatre-vingts années.

— Mais qui maindenant être maître de la crande maison ?