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Dans le cours de son service, le capitaine Willoughby avait eu plus d’une fois l’occasion de punir le Tuscarora ; et comme tous deux ils se comprenaient parfaitement bien ; le premier vit qu’il était peu probable que l’Indien voulût se jouer de lui.

— Où est cette terre que vous possédez, demanda-t-il après avoir étudié un instant la physionomie de Nick. Où est-elle située ? À quoi ressemble-t-elle, quelle est son étendue, et comment en êtes-vous propriétaire ?

— Répétez vos questions, dit Nick en prenant quatre baguettes pour les suivre par ordre.

Le capitaine recommença, et le Tuscarora déposa une baguette à chaque question.

— Où est-elle ? répondit-il en ramassant la première baguette ; en guise de mémorandum. Là-bas, où il dit, à une marche de la Susquehannah.

— Bien, continuez.

— À quoi ressemble-t-elle ? À de la terre, assurément. Croyez-vous que ce soit à de l’eau ? Il y a de l’eau aussi, pas trop ; il y a de la terre, pas beaucoup d’arbres, mais quelques arbres ; des cannes à sucre, de la place pour du blé.

— Continuez.

— Quelle est son étendue ? poursuivit Nick en ramassant une autre baguette ; autant que vous voudrez : voulez-vous peu, vous aurez peu ; voulez-vous beaucoup, vous aurez beaucoup ; voulez-vous pas du tout, vous aurez pas du tout ; vous aurez ce que vous voudrez.

— Poursuivez.

— Certainement. Comment je suis propriétaire ? Comment Face-Pâle est-il venu en Amérique ? Il l’a découverte, ha ! Eh bien, Nick a découvert la terre là-bas.

— Nick, que diable voulez-vous dire par tout ceci ?

— Je ne veux rien dire du diable ; je parle de terre, de bonne terre. Je l’ai découverte ; je sais où elle est : j’y ai pris des castors, il y a trois… deux ans. Tout ce que dit Nick est vrai comme une parole d’honneur, plus vrai encore.

— Serait-ce, par hasard, un ancien cantonnement de castors, détruit aujourd’hui ? demanda le capitaine d’un air d’intérêt ; car il avait vécu trop longtemps dans les bois pour ne pas connaître la valeur d’une telle découverte.