Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ni son ami Pathfinder ne peuvent jamais rien faire ici, et jeune propose de les conduire sur la côte et de les emmener en mer. En quinze jours de temps Jasper aura trouvé ses jambes de mer, et un voyage d’un an fera de lui un homme. Il est possible qu’il faille plus de temps à Pathfinder, et même qu’il ne parvienne jamais à être inscrit sur un rôle d’équipage ; cependant on peut faire quelque chose de lui, surtout comme vigie, car il a d’excellents yeux.

Croyez-vous qu’aucun d’eux y consente, mon oncle ? — demanda Mabel en souriant.

— Croyez-vous que je les prenne pour des idiots ? Quel être raisonnable refuserait son avancement ? Laissez Jasper faire son chemin, et le gaillard peut mourir capitaine de quelque petit brick.

— Et en serait-il plus heureux pour cela, mon oncle ? Pourquoi vaudrait-il mieux pour lui qu’il fût capitaine d’un bâtiment à voiles carrées que de tout autre ?

— Bon, bon, Magnet, vous n’entendez rien à ce dont vous parlez. Laissez-moi le soin de tout cela, et j’arrangerai tout convenablement. Ah ! voici justement Pathfinder. Je ferai aussi bien de lui laisser entrevoir mes intentions en ce qui le concerne. L’espoir est ce qui nous encourage le plus à faire des efforts.

Cap fit un signe de tête à sa nièce et cessa de parler. Pathfinder s’avança, mais non avec l’air de franchise et d’aisance qui lui était ordinaire. Il semblait être embarrassé, sinon douter de l’accueil qu’il recevrait.

— Un oncle et une nièce sont une assemblée de famille, — dit le guide en approchant d’eux, — et la compagnie d’un étranger peut ne pas être agréable.

— Vous n’êtes pas un étranger pour nous, maître Pathfinder, — répondit Cap, — et nous ne pouvons voir personne avec plus de plaisir. Nous parlions de vous il n’y a qu’un instant, et quand des amis parlent d’un absent, il peut deviner ce qu’ils en disent.

— Je ne demande à connaître aucun secret ; chacun à ses ennemis, et j’ai les miens ; mais je ne vous compte pas dans ce nombre, maître Cap ; non, ni la jolie Mabel que voici. Quant aux Mingos, je n’en dirai rien, mais n’ont-ils pas une juste cause de me haïr ?

— C’est ce dont je répondrais, Pathfinder ; car je suis convaincu que vous êtes bien intentionné et plein de droiture. Mais il y a