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la manière de critiquer la plus facile et la plus méprisable. Si deux hommes s’adressaient en votre présence de pareilles injures, je crois que vous n’éprouveriez que du dégoût. Quand une pensée est claire et juste, elle n’a guère besoin d’être relevée par des épithètes. On ne les emploie que pour cacher le manque de talent.

— Eh bien ! eh bien ! mes amis, dit M. Howel en allant joindre Grace et sir George, cela est différent de ce que je pensais d’abord, mais je crois encore qu’en général vous estimez trop peu cette Revue.

— J’espère que cette petite leçon refroidira un peu l’ardeur de la foi de M. Howel dans les journalistes étrangers, dit mistress Bloomiield dès qu’il fut assez loin pour ne pouvoir l’entendre ; je n’ai jamais vu un adorateur d’idole plus crédule et plus aveugle.

— Cette école diminue, mais elle est encore nombreuse, dit John Effingham ; des hommes comme Tom Howel, dont toutes les pensées ont suivi la même direction toute leur vie, ne changent pas facilement d’opinion, surtout quand une admiration qui vient de loin, — de cette distance « qui prête de l’enchantement à la vue, » — est la base de leur croyance. Si cet article eût été imprimé en forme de placard et affiché au coin de la rue dans laquelle il demeure, Howel serait le premier à dire que c’est l’ouvrage d’un drôle sans principes et sans talents, et qu’il ne méritait pas une seconde pensée.

— Je crois pourtant qu’après avoir vu si clairement la fraude de cet écrivain, il deviendra plus réservé, sinon plus sage.

— Lui pas du tout. Si vous voulez excuser une comparaison triviale, je dirai qu’il sera comme la truie qui, après avoir été bien lavée, retourne se vautrer dans la fange. Je n’ai jamais vu un homme de cette école complètement guéri, à moins qu’il n’ait été lui-même l’objet d’une attaque ou qu’il n’ait été à portée d’examiner personnellement et de plus près la vanité de cette prétendue supériorité européenne. Il n’y a qu’une semaine que j’eus une discussion sur l’humanité et l’amour de la liberté dans le pays qui en est un modèle de perfection. Je lui citai le fait que l’Angleterre avait eu recours au tomahawk des sauvages dans les guerres avec ce pays, et il m’affirma positivement que les Sauvages indiens ne tuaient jamais ni femmes ni enfants, — à moins que ce ne fussent les femmes et les enfants de leurs ennemis. — Et quand je lui dis que les Anglais, comme beaucoup d’autres peuples, ne faisaient cas que de leur propre liberté, il me répondit