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c’était le cas dans l’occasion présente, et ils avaient résolu de présenter un candidat à l’élection. De même que les autres, ils désiraient se fortifier de l’appui des étrangers, et ils cherchaient un individu qui leur convînt. Je leur désignai le premier enseigne ; mais Noé protesta contre cette proposition, et déclara que, quoi qu’il pût arriver, il ne consentirait jamais que son bâtiment fût abandonné de cette manière. Le temps pressait, et tandis que le capitaine et son officier subordonné se disputaient sur la question de savoir s’il serait permis au dernier de s’offrir comme candidat, Bob, qui avait déjà goûté les douceurs de l’importance politique en jouant le rôle de prince royal, se faufila adroitement parmi les membres du comité, et leur donna son nom. Noé était trop occupé pour découvrir cette manœuvre, qui fut fort bien exécutée, et, après avoir juré qu’il jetterait l’enseigne par-dessus le bord s’il ne renonçait à ses projets ambitieux, il vit que les représentants des Tangentes étaient partis. Supposant qu’ils étaient allés chercher quelque autre navire, le capitaine se calma, et tout rentra dans l’ordre accoutumé.

Depuis ce moment jusqu’à celui où nous jetâmes l’ancre dans la baie de Bivouac, rien ne troubla la discipline et la tranquillité à bord du Walrus. Je profitai de cette occasion pour étudier la constitution de Leaplow dont le juge avait une copie, et pour obtenir de mes compagnons les informations que je crus pouvoir m’être utiles dans ma carrière future. Je songeai combien il serait agréable pour un étranger d’enseigner aux habitants de Leaplow leurs propres lois, et de leur apprendre à appliquer leurs propres principes. Cependant je ne pus presque rien tirer du juge, qui était alors tout absorbé dans les calculs des chances de la petite roue ; objet relativement auquel un membre d’un des comités de nomination lui avait donné quelques renseignements.

Je questionnai aussi le brigadier sur les causes qui donnaient tant de valeur à Leaplow aux opinions de Leaphigh sur les institutions, les manières et la société de cette république. Sa réponse ne me parut pas très-satisfaisante ; il se borna à me dire que ses concitoyens, ayant fait disparaître la rouille dont le temps avait couvert les objets en question, et les ayant placés sur la base philosophique de la raison et du bon sens, désiraient beaucoup savoir ce que les autres peuples pensaient du succès de leurs travaux.

— Je puis vous assurer, lui dis-je, que je m’attends à voir une