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de toutes ces preuves que les Belges avaient livré de violents combats pour leur émancipation, ce qui prouve, du moins, qu’ils méritent d’être libres.

Notre route nous conduisit à travers Louvain, Thirlemont, Liége, Aix-la-Chapelle et Juliers, jusqu’au Rhin. La première de ces villes avait été témoin d’un combat, la semaine précédente, entre les armées ennemies. Comme les Hollandais avaient été accusés d’excès monstrueux, nous recherchâmes les preuves de leur cruauté. Combien de ces preuves avaient déjà disparu, c’est ce que nous ne pûmes découvrir ; mais celles qui restaient encore nous firent penser avec raison que les agresseurs ne méritaient pas tout l’opprobre dont on les avait accablés. Chaque jour, chaque heure de la vie me démontrent combien est capricieuse et vulgaire l’immortalité accordée par un journal !

Ce serait une injustice envers l’ancien évêché de Liége que de ne point parler de ses beaux paysages ; ce pays possède presque tout ce qui est nécessaire pour composer les points de vue les plus agréables et les plus agrestes. Des fermes isolées et innombrables, des troupeaux dans les prairies, des haies vives, des champs ondoyants, et une verdure qui ressemble à l’émeraude. Par un heureux accident de terrain, la route parcourt pendant plusieurs milles une surface élevée qui permet au voyageur de jouir de ces beautés tout à son aise.

Nous prîmes des bains à Aix-la-Chapelle. Nous visitâmes les reliques, nous examinâmes les lieux où furent couronnés tant d’empereurs plus ou moins célèbres, nous nous assîmes sur le trône de Charlemagne ; nous continuâmes ensuite notre route.

Le Rhin était une vieille connaissance. Peu d’années auparavant j’avais foulé ses sables, à Katwyck, et examiné son flux périodique dans la mer du Nord par le moyen d’écluses faites sous le règne trop court du bon roi Louis ; le même été, je l’avais franchi, ruisseau bruyant, sur la côte glacée du Saint-Gothard. Nous venions examiner ses beautés dans les parties les plus magnifiques, afin de les comparer, autant que la partialité nationale pouvait le permettre, aux beautés reconnues de l’Hudson.

En quittant Cologne, sa cathédrale exquise mais incomplète, avec la grue placée sur ses tours inachevées depuis cinq cents ans, ses souvenirs de Rubens et de sa patrone royale, nous voyageâmes sur le fleuve avec assez de loisir pour contempler tout ce