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— N’oublieras-tu jamais ta boutique et tes pratiques du Rialto ? Je t’ordonne de me dire le nom de celui dont la famille a de telles armes.

— Noble signore, j’obéis. Le cimier est celui de la famille de Monforte, le dernier sénateur de cette maison, mort il y a environ quinze ans.

— Et ses bijoux ?

— Ont passé, avec différents meubles dont la république ne s’est point inquiétée, en la possession de son parent et successeur (si c’est le bon plaisir du sénat qu’il y ait un successeur à cet ancien nom), don Camillo de Sainte-Agathe. Le riche Napolitain qui fait maintenant valoir ses droits à Venise est le possesseur de cette pierre précieuse.

— Donne-moi la bague. Ceci doit être examiné. As-tu quelque chose de plus à me dire ?

— Rien, Signore. Je voudrais seulement vous prier, dans le cas où il y aurait condamnation et vente de ce bijou, de faire en sorte qu’il soit offert d’abord à un ancien serviteur de la république, qui peut se plaindre avec raison que son âge avancé est moins favorisé de la fortune que sa jeunesse.

— Tu ne seras point oublié. J’ai entendu dire, Osée, que plusieurs de nos jeunes nobles fréquentent les boutiques des Hébreux, afin d’emprunter de l’or qu’ils dépensent en prodigalités, pour le payer plus chèrement dans la suite qu’il ne convient à des héritiers de nobles familles. Fais attention à ce que je te dis ; car si le mécontentement du sénat tombait sur quelqu’un de ta race, cela ferait une sérieuse affaire ! T’a-t-on présenté d’autres cachets dernièrement, outre celui de ce Napolitain ?

— Oui, dans nos occupations journalières ; mais rien d’illustre, Signore.

— Regarde celui-ci, continua le signer Gradenigo, en cherchant d’abord dans un tiroir secret, puis en retirant une petite feuille de papier à laquelle un morceau de cire était collé. Peux-tu former quelques conjectures sur celui qui fait usage d’un pareil cachet ?

Le joaillier prit le papier et l’éleva vers la lumière, tandis que ses yeux examinaient attentivement la cire.

— Ceci surpasserait la sagesse du fils de David ! dit-il après un long et inutile examen. Il n’y a ici qu’une devise imaginaire de