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-demain ! dit Mrs Wilson ; ces nouvelles maîtresses de maison ont tant de plaisir à montrer tous leurs petits arrangements à leurs amis.

Lady Moseley sourit à travers ses larmes, et elle dit en se tournant vers son mari : — Nous partirons de bonne heure, n’est-ce pas, mon ami ? afin de voir en détail avant le dîner les réparations que Francis a faites au presbytère. Le baronnet exprima son consentement par un signe de tête ; mais il avait le cœur trop plein pour pouvoir parler ; et, priant le colonel d’excuser son absence, sous prétexte qu’il avait quelques ordres à donner, il quitta la table.

Jamais les attentions du colonel Egerton pour la mère et la fille n’avaient été plus délicates. Il parla de Clara comme si le rôle qu’il avait été appelé à remplir dans la cérémonie lui donnât le droit de prendre un intérêt plus direct à son bonheur ; avec John il fut rempli de prévenances et d’affabilité, et Mrs Wilson fut obligée d’avouer elle-même qu’il avait un talent prodigieux pour se rendre agréable, et qu’il était bien difficile de lui résister.

Le baronnet venait de quitter la salle, lorsque le bruit d’une voiture attira les convives à la fenêtre. Jane reconnut la première les armes et la livrée, et s’écria : — Ce sont les Chatterton, ma mère !

— Les Chatterton ! répéta John, et il sortit aussitôt pour aller les recevoir.

Le père de sir Edward avait épousé une Chatterton, la sœur du grand-père du lord actuel. Sir Edgar avait toujours vécu dans la meilleure intelligence avec son cousin, le père du jeune lord, quoique leurs goûts fussent aussi opposés que leurs habitudes.

Ce seigneur avait un emploi important à la cour, et il menait un train qui n’était pas en proportion avec sa fortune ; non-seulement ses appointements, qui étaient considérables, y passaient chaque année, mais il mangeait encore le revenu de ses biens, qu’heureusement du moins il ne pouvait pas aliéner. Il était mort il y avait deux ans sans avoir fait aucune économie, et il avait laissé sa veuve sans douaire et ses filles sans dot.

Le jeune lord son fils hérita de ses propriétés ; l’argent n’était pas son idole, il aimait sa mère, et son premier soin fut de lui assurer pour toute sa vie une pension de deux mille livres sterling. Il s’occupa ensuite de ses sœurs, et fit des placements consi-