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filles, elles résolurent de voir toutes les curiosités de la capitale pendant qu’elles en avaient le temps. Les deux premières semaines se passèrent dans cette occupation, que les merveilleux et les petites maîtresses eussent trouvée si vulgaire et de si mauvais ton, et la variété des objets vint faire une diversion favorable aux tristes pensées auxquelles les deux jeunes personnes étaient livrées depuis plusieurs mois.

Tandis que sa sœur et ses nièces couraient après le plaisir, Mrs Wilson, aidée de Grace, s’occupait à établir le plus grand ordre dans toutes les branches de l’économie domestique, dans la maison de son frère, afin que l’hospitalité dont la famille du baronnet avait toujours fait gloire n’amenât pas la prodigalité et le désordre.

La seconde semaine après leur arrivée, toute la famille était rassemblée dans le parloir après le déjeuner, lorsque Mrs John Moseley eut le plaisir de voir arriver son frère donnant le bras à sa jeune épouse. Après avoir reçu les compliments et les félicitations sincères de tous ses amis, celle que nous devons appeler maintenant lady Chatterton s’écria gaiement : — Vous voyez, ma chère lady Moseley, que j’ai voulu bannir toute cérémonie entre nous ; et au lieu de vous envoyer une carte, j’ai trouvé plus simple et plus agréable de venir vous annoncer moi-même mon arrivée. À peine Chatterton m’a-t-il permis de mettre bien vite un châle et un chapeau, tant il était impatient de venir.

— Vous ne sauriez me faire plus de plaisir, et je voudrais que tous nos amis en agissent de même, répondit lady Moseley du ton le plus aimable ; mais qu’avez-vous donc fait du duc ? n’est-il pas arrivé avec vous ?

— Oh ! il est parti pour Cantorbéry avec George Denbigh, Madame, dit Henriette en lançant à Émilie un regard qui peignait à la fois le reproche et l’amitié. — Il dit qu’il ne saurait supporter en ce moment le séjour de Londres, et le colonel étant obligé de quitter sa femme pour les affaires de son régiment, Derwent a été assez bon pour lui tenir compagnie pendant son exil.

— Et ne verrons-nous pas lady Laura ? demanda lady Moseley.

— Pardonnez-moi, elle est ici ; nous attendons Pendennyss et sa sœur dans quelques jours ; ainsi vous voyez que tous les acteurs seront bientôt sur la scène.

Les visites et les engagements se succédèrent bientôt chez les