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— Non, Madame ; je suis venu apporter quelques ordres à son intendant. Milord est dans le Westmoreland avec le duc de Derwent, le colonel Denbigh et ces dames.

— Doit-il y rester longtemps ?

— Je ne le crois pas, Madame ; presque tous les gens de Milord sont déjà à Annerdale-House, et il est attendu à Londres avec le duc et le colonel.

Le domestique était un homme âgé qui paraissait bien instruit de tous les projets de son maître, et Mrs Wilson fut enchantée de la perspective qui s’offrait de voir le jeune lord beaucoup plus tôt qu’elle ne l’avait espéré d’abord.

— Annerdale-House est donc la maison de ville du comte ? demanda Émilie dès que le domestique se fut éloigné.

— Oui, ma chère ; il a hérité de toute la fortune du dernier duc de ce nom : je ne sais pas précisément de quel côté, mais je crois que c’est du côté de sa mère. Le général Wilson ne connaissait pas sa famille ; cependant je crois que Pendennyss porte encore un autre titre. Mais, ma chère, n’avez-vous pas remarqué à quel point ses domestiques sont honnêtes et respectueux ? C’est encore une présomption favorable en faveur du comte.

Émilie sourit à ce nouveau témoignage de la partialité de sa tante, et elle répondit :

— Votre superbe voiture et vos valets galonnés vous attireront le respect de tous les serviteurs que vous rencontrerez, quel que soit le rang de leur maître.

Pendant le reste du voyage la tante et la nièce reprirent bien des fois cet entretien. La première nourrissait, presque à son insu, des espérances dont elle aurait ri elle-même si un autre eût voulu les lui faire concevoir ; et la seconde, quoiqu’elle eût beaucoup de respect pour le caractère connu du jeune comte, n’en parlait souvent que parce qu’elle était sûre de faire plaisir à sa tante.

Après trois jours de voyage ils arrivèrent à la belle maison que possédait le baronnet dans Saint-James Square, et que le bon goût et la prévoyance de John avaient abondamment fournie de tout ce qui pouvait la rendre agréable et commode.

C’était la première fois que Jane et Émilie venaient à Londres ; et sous les auspices de John et de leur mère, qui, retirée depuis longtemps à la campagne, n’était pas moins curieuse que ses