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pressait Jane d’y monter, lorsqu’un domestique en riche livrée arriva au galop, et remit à Mrs Wilson une lettre où elle fut ce qui suit :

« Le comte de Pendennyss présente ses respectueux hommages à Mrs Wilson et à la famille de sir Edward Moseley. Il aura l’honneur de leur rendre ses devoirs au moment que voudra bien lui désigner la veuve de celui qui fut son meilleur ami.

« Au château de Bolton, vendredi matin. »

En lisant ce billet, Mrs Wilson regretta amèrement que la nécessité la forçât de renoncer encore une fois au plaisir de voir celui que le bruit public parait de toutes les vertus, et elle se hâta de lui répondre en ces termes :


« Milord,

« Je regrette bien qu’un engagement que nous ne pouvons remettre nous force de partir à l’instant même de Moseley-Hall, et nous prive du plaisir de vous recevoir. Comme par l’effet des circonstances, le nom de Votre Seigneurie se rattache aux plus chers, quoiqu’aux plus tristes événements de ma vie, je désire vivement voir celui dont le caractère m’est déjà si bien connu. J’espère que nous nous verrons à Londres cet hiver, et que je pourrai trouver une occasion plus heureuse de vous exprimer les sentiments de gratitude de votre sincère amie,

« Charlotte Wilson.


« Moseley-Hall, vendredi soir. »

Le domestique fut renvoyé avec cette réponse, et les voitures se mirent en route. John avait décidé Émilie à se confier encore une fois à ses chevaux bais et à son adresse à les conduire ; mais, en voyant la mélancolie de sa tante, elle insista pour changer de place avec sa sœur, qui était dans la voiture de Mrs Wilson, et elle voyagea la première journée avec cette dernière. La route passait à environ un quart de mille de Bolton, et les dames espérèrent, mais en vain, apercevoir le jeune comte, soit par une croisée, soit dans les jardins. Émilie, pour détourner l’attention de sa tante des tristes souvenirs dont elle paraissait occupée, sachant combien elle aimait à parler de son héros, lui fit quelques questions sur un sujet si fertile.