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— Hélas ! dit l’enfant, il faut que je file ce lin, et je ne sais comment m’y prendre.

— Ne t’en inquiète pas. Je suis la fée Grosses-Lèvres, la meilleure fileuse du monde, et je vais faire ta besogne ; seulement tu m’inviteras à ta noce.

— À ma noce, Grand Dieu ! qui voudrait d’une pauvre orpheline sans sous ni mailles.

— N’importe, promets-le moi, et surtout souviens-toi de mon nom.

La jeune fille s’engagea à inviter la fée Grosses-Lèvres à sa noce lorsqu’elle se marierait, et tout le lin fut filé dans la semaine, et filé si fin, si fin, que la reine en fut émerveillée.

« Puisque tu es aussi adroite que cela, lui dit celle-ci, tu dois savoir coudre, et au fur et à mesure que le tisserand fera la toile, toi tu feras les chemises. »

La jeune fille n’osa pas encore dire qu’elle ne savait pas coudre et, quand elle se vit seule dans sa chambre, devant une pièce de toile, elle se mit de nouveau à fondre en larmes.

Soudain une nouvelle dame entra par la