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le avoit fait n’étoit que par raillerie, & seulement pour voir si elle sçavoit le compte de ses fleurs, & si elle s’appercevroit de l’absence de cette rose, qui étoit remarquable par sa beauté singuliere. Pour achever de calmer son couroux, elle lui fit esperer qu’avec de si grands trésors, & des bijoux si bien mis en œuvres, elle seroit assez riche & assez parée pour ne pas céder en beauté, ou en puissance aux plus grandes Princesses, qu’il n’y auroit pas de souverains dans le monde, qui ne désirât & même ne tînt à grand honneur de l’épouser. Cette douce espérance rendit à Pigrieche toute sa bonne humeur ; & lui fit regarder son tresor d’un œil encore plus favorable, regretant d’autant plus la perte de son autre œil que ce malheur la privoit de la satisfaction de voir tant de ri-