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car les cousins lui avoient crevé l’autre : jugez, s’il vous plaît, de son désespoir lorsqu’elle s’apperçut de ce nouveau grain de beauté ; mais rien ne put égaler sa fureur quand au lieu des consolations qu’elle devoit attendre de sa mere, elle la vit se lamenter sur la perte de sa farine, & ne s’occuper que du désordre que les vers y avoient fait, ainsi que de l’état où son mulet étoit revenu : sans songer seulement à sa fille, & sans la remercier du moins des tresors qu’elle avoit apportés, qui devoient bien suffire pour la dédommager de quelques miserables boisseaux de bled, tandis que rien ne pouvoit réparer tout ce que Pigrieche avoit perdu. Aussi comme vous pouvez croire, en dit-elle bien son sentiment sans se gêner. Il n’y a sorte de reproches qu’elle ne fit à sa mere, & dans