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rent en diligence les bestiaux.

Bien loin qu’ils eussent rien à redouter de la part de Pigrieche, sa malice naturelle lui fit imaginer un vrai plaisir dans le chagrin que cette perte causeroit à ceux qui la souffriroient, & aux mauvais traitemens que vraisemblablement le Berger recevroit. Il ne dépendoit que d’elle de les lui épargner, puisqu’elle n’auroit eu qu’à l’éveiller comme les voleurs le craignoient : mais au lieu d’en avoir la pensée, elle s’éloigna exprès du chemin qu'ils tenoient, pour ne les pas détourner d’une si bonne action, & après avoir vû de loin que leur projet avoit si bien réussi, qu’ils étoient déja hors de la prairie, sans que le Berger se fût éveillé, elle s’avança joyeusement vers le Moulin dont elle étoit proche, d’où elle auroit pû aisément se faire entendre, si