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qu’à la vérité tout le monde pouvoit vendre des poires, mais que tout le monde n’en tireroit pas une si grande somme : éh, c’est justement, reprit-elle d’un ton accariâtre, ce qui doit vous prouver que ce n’est pas à la vente de votre fruit que vous la devez, mais plûtôt que c’est le prix des airs coquets & des minauderies de cette Mijaurée, qui, comme vous voyez, n’a pas manqué de retourner au Sabath chercher une autre robe ; celle qu’elle avoit n’étoit pas assez belle pour aller trouver les hommes. Allez, ma Mere, continua-t-elle, loin d’être si charmée du butin qu’elle vous rapporte, vous devriez faire scrupule de le prendre, & encore plus de la renvoyer en chercher d’autres.

Eh bien dit Richarde, que la foiblesse qu’elle avoit pour sa fille, portoit toujours à penser comme elle vouloit : Vas y à sa place, il