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Pîgriéche eut bien de la peine à s’acquitter de l’ouvrage qu’elle avoit entrepris, car les cheveux de la Nimphe étoient si empâtés de bouë & de limon qu’ils faisoient presque du mortier par leur mélange avec les feuilles, les roseaux, le duvet ridicule qui les accompagnoit. Outre cela il en sortoit une odeur insuportable, & ses roseaux opiniâtres, qui se redressoient malgré elle, la mettoient dans un embarras sans égal.

Elle les arracha l’un après l’autre avec une peine infinie, & aussi-tôt qu’elle eût achevé ce bel ouvrage, la Napée se recoëffa ; mais à peine ses cheveux furent-ils replacés, que ses détestables roseaux reprirent leur place. Eh bien, dit Cristaline à Pigriéche, êtes-vous contente de ce que vous voyez. Ah extrême-