Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

douceur, & d’innocens plaisirs, qu’elle avoit compté de passer dans les bras du sommeil, cette nuit fut pour elle d’une longueur extrême, & remplie d’inquiétudes. Dans le Palais de la Bête elle n’en avoit point eue de pareille, & le jour qu’elle vit paroître, avec une force de satisfaction & d’impatience, vint à propos la décharger de ses cruels ennuis.

Son pere enrichi des libéralités de la Bête, pour être à portée de procurer des établissemens à ses filles, avoit quitté le séjour de la campagne. Il demeuroit dans une très-grande ville, où sa nouvelle fortune venoit de lui procurer de nouveaux amis, ou plutôt de nouvelles connoissances. Parmi les personnes qu’il voyoit, bientôt le bruit se répandit que la plus jeune de ses filles étoit de retour. Tout le monde marqua un égal empressement pour la