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rible Amante me donna un coup sur la tête. Il fut si pésant, que je tombai la face contre terre, & que je me crus accablé par la chûte d’une montagne. Tout courroussé de cette insulte, je voulus me relever, mais il me fut impossible. Le poids de mon corps etoit si lourd, qu’il m’en empêcha ; tout ce que je pus faire, fut de me soutenir sur mes mains, devenues en un instant d’horribles pattes, dont la vue me fit appercevoir de mon changement. C’est le même sous lequel vous m’avez trouvé. Dans l’instant je jettai les yeux sur la fatale glace, & il ne me fut plus permis de douter de ma cruelle & subite métamorphose.

La douleur que j’en ressentis me rendit immobile ; la Reine à ce tragique spectacle fut hors d’elle-même. Pour mettre le dernier sceau à sa barbarie, cette