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la Belle charmée de leur sentimens apparens de générosité, ne pensa plus qu’à convaincre ses Freres & ses Amans, de l’obligation dans laquelle elle étoit de s’éloigner d’eux. Mais ses frères l’aimoient trop pour pouvoir consentir à son départ, & les Amans trop épris, ne pouvoient entendre raison Les uns & les autres ignorant par quelle voie la Belle étoit arrivée chez son père, & ne doutant pas que le cheval qui la premiere fois l’avoit portée au Palais de la Bête ne vint la chercher, résolurent tous ensemble d’y mettre obstacle.

Les Sœurs qui n’avoient que les apparences d’une prétendue bonne foi pour cacher la joie qu’elles ressentoient en elles-mêmes, en voyant le moment du départ de leur Sœur approcher, craignoient plus que la mort qu’ils n’en retardassent l’exécution. Mais