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avoit donné sa parole, il se donneroit la mort plutôt que d’y manquer.

Cependant ils cherchèrent des expédiens pour lui sauver la vie ; ces jeunes gens remplis de courage & de vertu proposerent que l’un d’eux fût s’offrir au courroux de la Bête. Mais elle s’étoit expliquée positivement en disant qu’elle vouloit une des filles, & non pas un des garçons. Ces braves freres fâchés que leur bonne volonté ne put avoir son exécution, firent ce qu’ils purent, pour inspirer les mêmes sentimens à leurs sœurs. Mais leur jalousie contre la Belle étoit suffisante pour mettre un obstacle invincible à cette action héroïque.

Il n’est pas juste, dirent-elles, que nous périssions d’une façon épouvantable, pour une faute dont nous ne sommes pas coupables. Ce seroit nous rendre les victimes de la Belle,