Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aime plus que la vie, & je la perdrois plutôt que de cesser de vous aimer. Vous me tenez lieu de tout, & je ne vous fais pas l’injustice de vous mettre en parallèle avec aucun de tous les biens du monde. Sans peine j’y renoncerois pour vous suivre dans les déserts les plus sauvages. Mais ces tendres sentimens ne peuvent rien sur ma reconnoissance. Je dois tout à la Bête : elle prévient mes désirs : c’est elle qui m’a procuré le bien de vous connaître, & je me soumets à la mort plutôt que d’endurer que vous lui fassiez le moindre outrage.

Après de pareils combats, les objets disparurent, & la Belle crut voir la Dame qu’elle avoit déjà vûe quelques nuits avant, & qui lui disoit : courage, la Belle ; sois le modèle des femmes généreuses : fais-toi connoître aussi sage que charmante ; ne balance point à sacrifier ton inclination à