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Bientôt son cou est dégagé des liens qui le pressent, l’air s’insinue dans son sein et donne un libre cours à sa respiration. Insensiblement elle revient à elle-même ; mais ses membres étaient d’une faiblesse extrême et ne lui permettaient pas de faire le moindre mouvement. Après quelques instans de repos, elle fait un dernier effort et arrache tout-à-fait la corde qui l’avait si cruellement serrée. « Ô mon père, dit-elle en elle même, les yeux baignés de larmes et le cœur navré de douleur, si, dans le temps, vous eussiez écouté mes conseils, aurions-nous pu éprouver de si grands malheurs ? Dans la vie passée, quel mal avions-nous fait à ces brigands pour devenir aujourd’hui victimes de leur cruauté ? Après avoir enduré le déshonneur, je n’ai consenti à vivre que pour venger ma famille et laver ma honte. Je ne croyais pas que ce brigand