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follement pour cette jeune personne, je suis perdu sans ressource ; j’ai bien envie de lui ôter la vie ; mais je ne me sens point la force de lever le bras sur elle. Eh bien ! si j’abandonnais mon bateau et que j’allasse m’établir dans un autre endroit, peut-être trouverais-je encore une aussi belle occasion ; j’amasserais de l’argent pour faire construire une autre barque et je reprendrais mon train de vie accoutumée. Je laisserai Souï-houng dans le bateau : si le destin n’a point décidé sa mort, elle trouvera sans doute un libérateur, et cette conduite m’attirera les bénédictions du ciel. » Puis réfléchissant un instant : « Non, non, s’écria-t-il, point de miséricorde ; si je ne l’extermine, pendant le reste de ma vie, elle sera pour moi une source continuelle de malheurs. Tout ce que je puis faire, c’est de lui faire grâce du couteau et de l’envoyer dans