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nous trahît dans la suite, et ils sont partis à la dérobée. Me voilà seul maintenant, comment faire pour conduire le bateau ? Je suis vraiment dans un mortel embarras. J’irais bien chercher un homme dans le voisinage pour me prêter l’épaule ; mais, sitôt que nous serons arrivés dans un lieu habité, n’est-il pas à craindre que cette jeune personne ne pousse des cris et des gémissemens, et alors je suis un homme perdu. J’aimerais mieux, comme l’on dit, être assis sur le dos d’un tigre. Cependant je ne puis la garder plus longtemps. Allons, j’ai déjà coupé l’herbe, arrachons jusqu’à la racine. »

Il dit, prend une hache et entre précipitamment dans l’arrière cabane. Souï-houng, encore étendue sur son lit, ne cessait de gémir et de verser des larmes. Quoique son visage fût baigné de pleurs, elle n’en paraissait que plus belle et plus séduisante.