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beaucoup de monde à sa suite. Nous avons besoin de courage et de prudence.

— « Lui, répond le pilote, il est brave, mais c’est à boire ; voilà tout son mérite. Quelle crainte vous peut inspirer un pareil champion ? Laissons-le s’énivrer tranquillement, et, quand il aura bu tout à son aise, sa femme et lui verront beau jeu. Épargnons seulement cette jeune demoiselle ; elle restera pour être l’épouse de votre patron. »

À peine avaient-ils pris cette résolution qu’ils arrivent à Hoang-tcheou, situé sur les bords du fleuve Yangtsen-kiang. Ils jettent l’ancre et descendent pour acheter des vivres et du vin. Après un repas copieux, où les matelots n’épargnèrent ni la chère ni le vin, on met à la voile et le bateau part comme un trait.

Ce jour-là était le quinzième du mois, et le disque brillant de la lune répandait une clarté aussi vive que le soleil à son midi.